mardi 20 janvier 2009

La Terre à vendre...

Inspiré par un article de Doan Bui du Nouvel Observateur


Saviez-vous que la Terre est à vendre ?

Je ne vous parle pas des quelques hectares que nos voisins anglais nous achètent en même temps que nos maisons de caractère, en Normandie ou dans le Sud de la France, mais de dizaine, de milliers, de millions d’hectares de bonnes terres cultivables aux quatre coins de la planète.

Les acheteurs ? Ceux qui craignent de manquer de nourriture dans les décennies à venir. La Chine, d’abord, qui ne dispose que de 7 % des terres arables de la planète pour nourrir près d’un quart de sa population. Mais aussi la Corée du Sud ou les États du Golfe qui ont des pétrodollars, mais ni eau ni terre pour nourrir une population d’immigrés et de travailleurs qui carburent au riz. Sans même parler des grandes compagnies financières qui cherchent de nouveaux débouchés, et même des privés, à l’image des stars qui s’offrent quelques centaines de milliers d’hectares en Patagonie ou en Argentine.

Les vendeurs ? Les pays pauvres bien sûr, qui n’ont plus rien d’autre à vendre pour remplir leurs caisses. 4,5 millions d’hectares en Argentine (10 % du territoire national appartenant déjà à des investisseurs étrangers), 2,5 millions au Cambodge, 2,2 millions au Brésil, 1,6 million en Indonésie, 1 million au Congo et au Soudan, presque autant en Ouganda, sans même parler des 2,3 millions d’hectares loués à Madagascar par les Coréens pour 99 ans. Pensez-vous ! L’un des pays les plus pauvres du monde !

Les plus pauvres ? Avec toutes ces terres cultivables ? La Terre n’aura-t-elle pas plus de valeur que les champs de pétrole lorsqu’il faudra nourrir des centaines de millions de bouches supplémentaires ici et là dans le monde ?

Quelle ironie fatale ! Pendant 2 mille ans, un peu partout sur notre planète, on s’est battus pour la terre, on a traversé les mers, accompli des génocides, sans parler de ceux que l’on a spoliés d’un territoire auquel ils « appartenaient ». On raconte que les Indiens d’Amérique du Nord signaient la vente de leurs territoires aux colons anglais en souriant de leur bêtise : on ne peut pas acheter ce qui n’appartient pas à l’Homme, mais à la Nature. La Terre qui nous porte, qui nous permet de vivre et de prospérer au rythme des saisons…

Le pire, c’est que tous ces hectares de terrains ne sont pas seulement destinés à nourrir les hommes. Les grandes compagnies énergétiques achètent aussi des centaines de milliers d’hectares de forêt, moins cher que les terres cultivables, pour les transformer en palmeraies et produire des biocarburants. Comment résister « quand un hectare de forêt converti en palmiers à huile, rapporte 10 à 15 fois plus, , que s’il était juste exploité pour le bois » ? (Alain Karsenty au Cirad)

Et que se passera-t-il lorsque les gens de ces pays « pauvres » ne pourront plus subvenir à leurs propres besoins, comme c’est déjà partiellement le cas aujourd’hui ? On nous parle de mondialisation à propos de l’économie, de cette dérégulation sauvage des marchés que l’on appelle le libéralisme à propos de la crise financière qui touche plus ou moins durement les pays riches. Mais que se passera-t-il lorsque c’est la nourriture et l’eau qui viendront à manquer ?
Aucune banque fédérale, aucun état ne pourra jamais « prêter » de la nourriture, garantir le blé, le maïs et l’orge ou accorder une rallonge d’eau potable…

Alors, ce sera la guerre. Car lorsque l’on n’a plus rien à perdre, lorsque c’est sa survie ou celle de sa famille qui est en jeu, il n’y a plus de frontières qui tiennent, plus de clôtures, plus de titres de propriété. Il n’y a plus que la faim au ventre. Ah mais, c’est vrai ! Un ventre vide ne tient pas la route face à la puissance des armes.

Ce scénario catastrophe, personne n’a envie d’y croire, moi le premier. Mais comment ne pas l’évoquer ? Comment ne pas y penser ?

Et après ? Lorsqu’il n’y aura plus d’eau potable, moins d’oxygène, faudra-t-il « terraformer » Mars dans l’urgence ?

Soyons sérieux. Le futur est pour demain, presque tout de suite.‚demain très tôt Il ne s’agit pas de réinventer le collectivisme à l’échelle planétaire. Nous savons tous que c’est incompatible avec notre manière de fonctionner. Mais ne serait-il pas temps d’envisager une gestion mondiale des ressources pour que la nourriture ne devienne pas l’or végétal du 21e siècle ? Une prise d’otage indigne, inacceptable de la Terre par ces étranges bipèdes qui prétendent tout contrôler, tout réguler en nous entraînant vers le pire des destins…

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