mardi 18 décembre 2007

Réaction épidermique...

Difficile d’éviter la réaction épidermique devant la politique pratiquée par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir. Sans même parler de l’inculture et du manque de respect de ce personnage qui se prend pour une star du Show Biz, avec sa Rolex et ses vacances de millionnaires, sa politique extérieure ne cesse d’hérisser le poil de celles et ceux qui croient encore aux valeurs de la France.

Au risque de paraître naïf, l’idéal républicain de mon pays représente quelque chose d’important pour moi. Je suis fier d’être français, d’appartenir à un état qui défend certaines valeurs morales et spirituelles dans lesquelles je me reconnais. J’ai besoin de cette liberté de penser et d’agir qui me permet de m’exprimer et de choisir ma vie. Je revendique l’égalité de toutes et de tous, symbolisée par la déclaration universelle des droits de l’Homme qui nous engage aujourd’hui autant qu’hier. Cette égalité chèrement acquise qui nous a donné le droit à l’éducation et aux soins pour tous, nous devons la chérir et la préserver, car elle représente la chance donnée à chacun de se réaliser dans un monde qui ne fait pas de cadeau.
Quant à la fraternité, cette amitié solidaire qui nous lierait par-dessus les différences et les frontières au reste de l’espèce humaine, elle semble avoir été trop souvent galvaudé au cours des siècles, mais je voudrais croire qu’elle reste encore au cœur des valeurs de notre nation. Au-delà des heures sombres que notre pays a traversé, des trahisons et des malentendus, des nombreuses erreurs que la France a commises sous l’impulsion d’un maître ou d’un gouvernement, nous sommes restés pour beaucoup une terre d’accueil et le symbole d’un idéal, d’une main tendue comme un espoir qui refuse l’esclavage et la tyrannie.
Si la devise de notre pays peut faire sourire les cyniques, j’ai suffisamment voyagé pour reconnaître ma chance d’être né et de vivre en France, dans un pays où ces trois mots, liberté, égalité, fraternité, veulent encore dire quelque chose.
Je m’insurge avec véhémence contre ceux qui voudraient nous les faire oublier au profit, et le mot n’est pas choisi par hasard, d’un réalisme économique qui voudrait que la fin (la faim ?!) justifie les moyens.
Dans ce contexte, j’avoue ne pas bien comprendre la politique extérieure de M. Sarkozy. Je suis le premier à m’insurger contre l’anti-américanisme primaire qui consiste à assimiler un peuple de 300 millions de personnes à la politique irresponsable et dangereuse d’un abruti qui ne doit son poste de président qu’aux magouilles politico-financières de son entourage.
Pour autant, je refuse de cautionner la politique de l’administration au pouvoir et je trouve indécent que le président de tous les français tape dans le dos de W Bush comme s’il s’agissait d’un vieux camarade de promo alors qu’il est évident que George cherche à nous récupérer pour retrouver la faveur de l’Europe et se sortir du bourbier dans lequel il s’est mis.
Les années Bush symbolisent l’échec d’une politique qui se moque ouvertement de celles et ceux qu’elle est censée servir, le mariage indécent de la politique et des affaires, la négation d’une certaine idée du progrès à travers le refus des réalités écologiques et l’amalgame infamant des intérêts des lobbies des armes et du pétrole avec le droit des peuples à décider d’eux-mêmes.
Dès lors, je m’inquiète de retrouver les mêmes idéologies sous-jacentes dans les méthodes de M Sarkozy : réduction des libertés au profit d’une certaine forme de sécurité, exaltations patriotiques dangereusement nationaliste, ultralibéralisme économique et autres discriminations positives qui ne correspondent en rien à l’esprit qui devrait présider au futur de notre pays.
Cette « amitié » de circonstance me fait froid dans le dos et ne peut se justifier par un rapprochement entre les Etats-Unis et la France. Bush sera bientôt parti, et l’on peut même espérer un retour des Démocrates à la maison-Blanche lors des prochaines élections présidentielles, ce qui rendrait parfaitement ridicule cette main tendue vers un leader unanimement reconnu comme l’un des plus mauvais que les Etats-unis aient connu.
Et que penser de ces félicitations adressées à Poutine au lendemain du simulacre d’élection organisée pour contourner la constitution et le maintenir au pouvoir ? Quel besoin avait-il de se faire bien voir par ce dictateur camouflé en président, bafouant du même coup les souffrances du peuple russe qui disparaît une fois de plus dans les méandres de son histoire tourmentée ?

Mais tout cela n’est rien à côté de l’affront que vient de subir la France au nom de « la diplomatie du carnet de chèques ». Que le gouvernement souhaite faire un geste envers la Libye pour saluer les efforts de ces dernières années en vue de désenclaver le pays est une chose. Qu’elle accueille en grande pompe, avec tapis rouge et gardes républicains le colonel Kadhafi pour une visite de cinq jours au frais de la république en est une autre. M Sarkozy parle d’éviter les postures, essaye de nous faire comprendre les intérêts de la France à coup de discours lénifiants et laisse un dictateur mégalomane, connu pour avoir favoriser le terrorisme, persécuter son peuple et piétiner les droits de l’Homme, planter sa tente à quelques pas de l’Elysée et se moquer de la république. Comme si les promesses hypothétiques de quelques milliards d’euros de contrats justifiaient de brader les valeurs de la république.

Dans son inculture, je crois que notre président n’a pas bien saisi l’importance du symbole dans le fonctionnement du système républicain qui dirige la destinée de notre pays. La grandeur de la France et de son mode de vie ne repose pas seulement sur son économie ou sur la taille de son territoire mais bien dans l’idée que s’en font les gens qui l’habitent et dans le rayonnement de ses valeurs à l’étranger.
La France n’est pas un jouet que l’on peut mettre au service de son ambition, mais une nation millénaire qui a longtemps fait figure de précurseur. Pour redonner confiance aux Français et éviter la crise économique et sociale qui nous menace, M Sarkozy ferait bien de s’en souvenir, car à ce rythme-là, il ne restera plus grand-chose de la devise de la France quand il en aura fini avec son programme de rupture avec le passé…


dimanche 9 décembre 2007

Marée noire...


Vendredi 7 décembre dans la matinée, une barge transportant une grue à heurté violemment le Hebel Spirit, un pétrolier battant pavillon hongkongais, provoquant le déferlement de plus de 10000 tonnes de pétrole brut dans les eaux de la mer jaune, au large des côtes de la Corée du Sud . Malgré les efforts des garde-côtes, on redoute une pollution des fermes aquacoles de la région car du pétrole s'échappe toujours du côté gauche du pétrolier.

J'ai du mal à comprendre. Faudra t'il que les mers et les océans nous crachent à la figure pour que l'Homme finisse par les respecter ? Je me souviens encore de la catastrophe de l'Amoco Cadiz. Je n'avais pourtant que six ans (1978) quant le pétrole de ce super tanker s'est déversé sur les côtes bretones. Je me souviens des plaques de goudrons sur mes plages préférées lorsque les 220 000 tonnes de brut se sont déversés dans la manche, polluant 360 km de littoral entre Brest et Saint Brieuc. Ce n'est malheureusement que la plus grave d'une longue série de catastrophes parmi lesquelles on peut citer encore le Torey Canyon ( 119 000 tonnes) en 1979 qui coule au large d'Ouessant, le pétrolier malgache Tanio qui se brise en deux au large de l'île de Batz en 1980 et coule avec 6000 tonnes de fuel lourd, pour ne parler que des côtes Française.

On pourrait croire que l'on a tiré des leçons de ces catastrophes écologiques majeurs, qui contribuent à hauteur de 5% au totale des pollutions marines.

Pourtant, malgré les dégats considérables causés par ces premiers "accidents", les marées noires se succèdent encore: En 1999, c'est l'Erika qui se casse en deux, déversant entre 19 et 20 000 tonnes de fuel lourd et de combustible sur les côtes. En 2002, c'est au tour du Prestige de se briser au large de la Galice (Espagne) libérant 64 000 tonnes de brut dans les eaux territoriales Espagnole.

Exxon/Mobil, BP, Shell, Total et Chevron/texaco, les cinq compagnies pétrolières les plus importantes de la planète annoncent des bénéfices de plusieurs milliards de $ ( voir plusieurs dizaine de milliards de $ pour les plus puissantes...) et continuent pourtant à recourir à des armateurs battants pavillon de nul part, souvent incapable d'assurer l'entretient des pétroliers qu'ils utilisent. Pourquoi ne pas étudier des bateaux plus sûr ? Pourquoi continuer à utiliser des pétroliers hors d'âge alors que ces monstrueuses entités ont largement de quoi financer une flotte de bateaux rutilants commandés par des hommes compétents ? Comment tolérer que certains capitaines "dégazent" en pleine mer, ajoutant leur contribution quotidienne aux drames épisodiques des marées noires ? Pendant que les compagnies pétrolières s'enrichissent de la hausse de l'or noir, tirant les prix du transport vers le bas pour gagner encore quelques dollars de plus par baril, la Terre étouffe de notre manque de respect. Faudra-t-il que nous soyons au bord de l'extinction pour que l'on comprenne que le système capitaliste a des limites et que l'exploitation des ressources de la planète telle que nous le faisons aujourd'hui relève de l'inconscience, de l'ignorance stupide de la catastrophe qui nous menasse si nous ne réagissons par rapidement ?


samedi 27 octobre 2007

Ces murs qui nous séparent

Beaucoup d'entre nous se souviennent de la chute du mur de Berlin comme d'un symbole d'espoir et de liberté, l'avènement d'un nouveau monde enfin débarrassé de la guerre froide qui empoisonnait les rapports Est / Ouest depuis trop longtemps.
Pourtant, force est de reconnaitre que la situation ne s'est pas vraiment améliorée depuis, bien au contraire. Il y a quelques jours, j'ai eu l'occasion de discuter avec Stéphane Rosière, un ami professeur de géographie politique à l'université de Reims qui prépare une étude sur ces murs qui séparent les Hommes un peu partout sur la Terre.
La situation est bien pire que je ne l'imaginais. Depuis 1989, de nouveaux murs sont venus rejoindre ceux qui existaient déjà, démontrant avec une terrible diversité combien nous restons divisés et assujetties à notre peur de l'autre. Du simple grillage aux systèmes de surveillance les plus sophistiqués, on les trouve aux quatre coins du globe: entre Israël et la Palestine, l'Arabie Saoudite et l'Irak, l'Inde et le Pakistan, ils représentent d'abord l'ultime garde-fou avant la guerre. Entre les États-Unis et le Mexique, la Pologne et la Biélorussie, la Hongrie et l'Ukraine, ils contiennent l'immigration et régulent les mouvements de population entre des sociétés au niveau de vie trop disparate.
Mais le besoin de se retrancher de ses semblables, de vivre dans un univers protégé, a pris voici quelques années de nouvelles formes à travers les "gated comunity" que l'on trouve aussi bien en Amérique du Sud ( Brésil, Argentine...) qu'aux Etats -Unis, en Afrique du Sud ou en Chine. Ces communautés, entourées par des kilomètres de murs, parfois gardées par des hommes en armes, interdisent l'entrée à celles et ceux qui ne répondent pas aux critères économiques et sociaux homogènes qui les ont vu naitre. Le plus souvent, il s'agit d'abord de séparer les riches des pauvres, mais on y trouve aussi des critères racistes, d'âge ou de conviction religieuse.
Une bien triste réalité qui anticipe peut-être le futur d'une humanité menacée par ses divisions et son incapacité à se remettre en question face aux défis que nous réserve l'avenir si nous voulons survivre à la démographie galopante qui menace l'équilibre de notre planète.