jeudi 8 mai 2008

Haut les coeurs... !

Voilà un certain temps déjà que j’espère pouvoir m’émerveiller ici de quelque chose ou de quelqu’un qui en vaudrait la peine. Une petite lumière qui serait susceptible de nous redonner le moral et d’élever le débat, au moment où les évènements et les Hommes rivalisent de cruauté et d’inconscience pour nous abattre.
Mais comment ne pas paraître futile, devant le spectacle terrible des dévastations du typhon Nargis en Birmanie, de cette junte militaire qui répugne à ouvrir les frontières d’un pays dévasté à l’aide internationale, par peur de perdre le pouvoir inique qu’elle maintient par la force sur un peuple affamé ?
Comment ne pas réagir aux propos affligeants de notre président en Tunisie, qui feint d’apercevoir la démocratie dans un pays ravagé par la corruption et les inégalités et qui séquestre ses opposants politiques dans la plus parfaite indifférence, pour vendre quelques avions et des centrales thermiques comme un représentant de commerce sans conscience ?
Comment rester confiant en notre futur, alors que la crise économique et financière menace la planète, que les écologistes tirent le signal d’alarme, que des peuples n’ont plus de quoi manger et bientôt de quoi boire, que l’Italie réélit Berlusconi pour la troisième fois, que la Russie passe de Poutine à… Poutine, sans même parler de ces guerres intestines, de l’ombre de la Chine sur le Tibet, de ces factions religieuses qui s’affrontent au Liban ou en Irak, toujours aux dépens des peuples pris, plus ou moins consciemment en otage… ?

Pourtant, j’ai suffisamment voyagé dans ma courte vie pour savoir que nous vallons mieux que ça ! Et qu’il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver parmi nous des hommes et des femmes de tous âges et de tous milieux qui font sourire la vie au quotidien, qui refusent la dictature de l’information et le catastrophisme pour agir, à leur mesure, dans tous ces petits gestes de la vie quotidienne qui donnent envie de réagir, de ne pas baisser les bras devant l’adversité. Il suffit parfois d’un sourire tendu avec sincérité, d’une façon de faire, de ne pas se prendre au sérieux, d’un geste envers celle ou celui qui va mal quand on le peut, quant on en a les moyens psychologiques. Car devant tant de noirceur, ce n’est pas tant l’argent qui fait la différence, que cette volonté de baisser le masque, au moins pour un instant, pour reconnaître celle ou celui qui vous fait face. Et même quant ça va mal, il suffit parfois de regarder autour de soi pour retrouver un peu de confiance en soi, même si l’on n’est pas toujours capable d’en donner en retour.
Pour nous en sortir, pour aller de l’avant, nous avons besoin de nous reconnaître, de nous transcender, de cesser ce petit jeu destructeur autour de l’ego qui brise les plus belles intensions en prenant conscience que nous ne sommes pas seuls au monde et que nous avons besoin des autres pour avancer.
Et puis il y a ces petits éclats de bonheur, comme ce jeune couple aperçu ce matin dans la rue, qui se fiche pas mal de ce qui se passe à l’autre bout de la planète ou dans la tête de Sarkozy, pour se laisser porter par cette énergie positive, ce sentiment profond, cette tendresse qui se dégagent naturellement de leurs regards tendus l’un vers l’autre.
Et puis il y a la musique, les notes instinctives ou réfléchies d’un musicien, les mots d’un poète, les photos ou les peintures d’un artiste qui explore sa vision du monde, ces moments, plus ou moins grands, racontés sur la pellicule d’un film, qui nous rappellent que nous sommes aussi capable de beauté et de sensibilité, de dépasser nos angoisses pour communiquer et d’aller vers l’autre dans un élan d’humanité.

L’Art, l’Amitié, l’Amour, la Famille, tous ce qui nous rapprochent et nous empêchent de tomber, galvaudé par une société de consommation parfois indécente de cynisme quant elle les expose ainsi qu’un produit pour nous faire avaler la pilule, il nous appartient de les garder vivant tous les jours au fond de nos cœurs. Et au risque de paraître naïf à certains, je préfère y croire encore, avec l’espoir que nous trouverons assez d’envie et de force dans nos histoires pour sauver ce monde que nous construisons chaque jour de nos vies.