mardi 22 avril 2008

L'extermination des requins: une bombe écologique à retardement

Je viens de voir un reportage terrifiant sur l’extermination des requins. Plus de 100 millions de requins de toutes espèces sont tués chaque année pour leurs ailerons, avant d’être rejeté à la mer parfois encore vivants. Ce poisson, apparu sur Terre voici 400 millions d’années, était là 150 millions d’années avant les dinosaures, mais il est probable qu’au rythme auquel nous les exterminons, il aura disparu des océans bien avant la moitié de ce siècle.
Le requin est un symbole : celui du manque de respect de l’espèce humaine pour la planète qui l’abrite. Le symbole des préjugés d’un primate qui s’est volontairement exclu du cycle naturel et qui s’acharne aujourd’hui à le détruire, quitte à entraîner sa disparition au passage.
La mauvaise réputation qui s’attache au requin est pourtant totalement infondée. Les requins ne tuent que cinq personnes en moyenne par ans, et encore s’agit-il dans 90% des cas d’une erreur d’appréciation de leur part, qui les conduit à nous confondre avec un phoque ou une otarie blessée. Contrairement à ce que raconte la légende, le requin n’aime pas la chère humaine et lorsqu’il mord, c’est pour « goûter », pas pour nous dévorer. Dans plus de neuf cas sur dix, la victime d'une morsure meurt d’ailleurs d’hémorragie mais pas d’avoir été mangé ! Mythifié par « Les dents de la mer » , le requin blanc, dit mangeur d’homme, ne s’approche que rarement des plages car il nous craint autant que nous le craignons. La plupart des requins n’ont même pas la bouche assez grande ni les dents assez acérés pour déchirer la peau élastique d’un être humain comme on voudrait nous le faire croire.
Si les requins sont exterminés dans la plus grande indifférence, c’est donc avant tout parce qu’ils sont considérés par beaucoup comme des animaux féroces, alors que les éléphants tuent plusieurs centaines de personne chaque année sans qu'ils nous viennent à l'idée de les considérer comme une espèce particulièrement dangereuse pour l'Homme.
La chasse aux requins est illégale dans 16 pays, mais cela ne peut empêcher les pêcheurs de laisser traîner des lignes appâtées de plusieurs kilomètres de long dans les eaux internationales afin de récupérer leurs ailerons, qui seront séchés ou transformés avant d’êtres envoyés en Asie où ils seront revendus plus de 400 $ le kilo ! Pourtant, ce prédateur marin est essentiel au bon fonctionnement de la chaîne alimentaire dont il constitue le haut de la pyramide. En se nourrissant de plus petits poissons, il permet de réguler l’absorption du plancton, grand producteur d’oxygène. Le massacre des requins est donc l’une des plus grosse bombe écologique que nous ayons à craindre dans les années à venir. Les générations futures nous considèrerons sans doute comme des barbares, lorsque nous auront fini d’épuiser les combustibles fossiles, que nous aurons vidés les océans, coupés des forêts entières et éliminés les systèmes écologiques qui assurent notre survie… en toute connaissance de cause. Car le pire dans tout cela, c’est que nous sommes tous conscients de ce que nous faisons. Les scientifiques le sont, les environnementalistes le sont, les grandes entreprises et même une grande partie du public sait que nous jouons avec le feu, que nous nous comportant comme des Dieux alors que nous ne sommes qu’une espèce parmi tant d’autres sur cette planète qui ne nous appartient pas.

Bientôt, ici comme ailleurs, au large du Costa rica ou des iles Galapagos, il n’y aura plus de requin et l’océan fournira un peu moins d’oxygène à cette petite planète qui sera bientôt incapable de nous nourrir, de nous faire boire et peut-être un jour, de nous faire respirer.

A méditer !